SOS TOUT-PETITS
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ARTICLES ET DONNÉES D'ACTUALITÉ
● Guérie d'une leucémie par les cellules issues du cordon ombilical
Lu sur le blog de Jeanne Smits :
" Des médecins allemands travaillant avec la banque de sang du cordon ombilical Vita 34 affirment qu'ils ont totalement guéri un enfant de sa leucémie à la suite de l'infusion de cellules du cordon ombilical de la fillette que ses parents avaient décidé de préserver quatre ans plus tôt, à sa naissance [...]. La fillette avait 4 ans en 2005, date à laquelle on diagnostiqua une leucémie. Aucun traitement n'avait pu venir à bout de la maladie et l'échec de la chimiothérapie semblait devoir signer l'arrêt de mort de l'enfant, à qui on ne donnait plus que trois mois à vivre. L'équipe médicale lui a injecté des cellules souches présentes dans son propre cordon ombilical. La fillette a été constamment suivie depuis ce moment-là et aujourd'hui, au bout d'exactement de 75 mois après la greffe, elle ne présente toujours pas le moindre signe de présence de cellules leucémiques dans son sang. [...]
A l'heure où une banque de conservation du sang du cordon vient de s'ouvrir à Rennes, voilà que se rouvre en France un débat qui a pris une tournure étrange. Tout focalisé sur la revendication de la recherche – immorale autant que thérapeutiquement inefficace – sur les cellules souches embryonnaires, le monde de la science médicale a négligé la conservation du sang du cordon, pourtant très riche de promesses, et la conservation du sang de leur nouveau-né à la demande des parents est même interdite. Seuls les dons anonymes sont autorisés. [...]
Une proposition de loi, l'an dernier, du député Damien Meslot (UMP, Territoire de Belfort), s'appuyant sur un rapport de la sénatrice Marie-Thérèse Hermange, a cherché à lever cet interdit en prévoyant aussi bien l'information des futures mères sur l'intérêt de la conservation du sang du cordon et du placenta que la possibilité pour elles de les faire conserver, soit pour leur propre enfant, soit en vue du don. Elle avait provoqué un tollé [...]. "
Michel Janva
Posté le 17 novembre 2010 à 06h31 | Lien permanent
● La recherche sur l'embryon ne sert pas l'humanité
Mgr Dominique Rey publie à son tour un communiqué :
" L’assemblée nationale est appelée cette semaine à débattre en première lecture de l’opportunité de poursuivre ou non la recherche sur l’embryon. La controverse récurrente suscitée par l’utilisation des cellules souches issues de la destruction des embryons in vitro montre en creux le malaise « intellectuel » que les responsables politiques éprouvent avec raison sur un enjeu majeur de civilisation.
Dans le secret de sa conscience, chacun sait bien, pour reprendre les mots expressifs de Benoît XVI lors la veillée mondiale de prière pour la vie, que l’embryon humain « n’est pas une accumulation de matériel biologique, mais un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonné, un nouvel individu de l’espèce humaine (…). Il en a été ainsi pour chacun de nous dans le sein de notre mère ». A ce titre, l’éthique qui revendique rationnellement le respect de l’être humain dès le début de sa vie au nom du principe cardinal de dignité doit continuer à primer sur toute autre considération.
Du fait des progrès considérables enregistrés dans le champ des cellules souches adultes et reprogrammées ainsi que l’ont rappelé récemment d’éminents scientifiques devant la commission parlementaire spéciale, la science elle-même plaide aujourd’hui pour tourner la page de la recherche sur l’embryon. Celle-ci, rappelle encore le Saint-Père, « ne se place pas véritablement au service de l’humanité. Elle passe par la suppression de vies humaines qui ont une égale dignité par rapport aux autres personnes humaines et aux chercheurs eux-mêmes. L’histoire elle-même a condamné par le passé et condamnera à l’avenir un tel type de science, non seulement parce qu’elle est privée de la lumière de Dieu, mais également parce qu’elle est privée d’humanité ».
En choisissant de revenir à la solution législative de 1994 interdisant toute pratique détruisant ou instrumentalisant l’embryon, la France pourrait porter un message fort de civilisation qui serait cohérent avec la science et qui contribuerait par là même à réorienter la bioéthique au service des plus vulnérables. "
Michel Janva
● Des cellules IPS donnent naissance à des souris
Le 4 octobre dernier, la revue scientifique NATURE a publié les travaux d’une équipe de chercheurs de l’Université de Kyoto dirigée par le Pr Michinori Saito, qui, " pour la première fois au monde, [est] parvenu[e] à créer des ovocytes et à donner naissance à des souris grâce à la technologie des cellules souches IPS ".
En pratique, " les cellules IPS ou cellules souches pluripotentes induites ( Induced Pluripotent Stem Cells ), sont obtenues par la reprogrammation génétique de cellules somatiques adultes. Tout comme les cellules souches embryonnaires, elles sont capables de s’autorenouveler et de se différencier [en tous types de cellules d’un organisme] ". Au Japon, les cellules IPS sont une priorité en matière de recherche biomédicale.
Afin de mener leurs travaux, les chercheurs " ont débuté leurs expériences par la création de cellules IPS à partir de fibroblastes prélevés sur une souris femelle. Grâce à l’application de milieux de culture appropriés, ces cellules souches induites ont donné naissance à des cellules germinales susceptibles de former des gamètes mâles et femelles ". Par la suite, " ces cellules […] ont été mises au contact de cellules des ovaires pour ‘murir’ dans un environnement naturel. Un mois plus tard, les cellules germinales étaient devenues des ovocytes, qui ont été fécondés in vitro " avec " les spermatozoïdes d’une souris mâle ". Enfin, ces ovocytes ont été " réimplantés dans des utérus de souris " et ont " permis de donner naissance trois semaines plus tard à trois bébés souriceaux en parfaite santé ". " Devenus adultes, ces rongeurs ont à leur tour pu donner naissance de façon ‘classique’ à une portée ".
Suite à la publication de ces résultats, le Pr Michinori Saito " a cependant précisé que cette technique ne constituait qu’une piste de recherche pour le développement d’un remède contre l’infertilité et qu’elle ne pourrait en aucun cas être appliquée telle qu'elle à l’homme en raison des différences importantes entre l’organisme humain et la souris ".
Cette même équipe avait déjà, en 2011, " réussi à créer […] des gamètes mâles issus de cellules IPS "
Gènéthique : synthèse de presse quotidiennes du 12 octobre 2012
● " La découverte du professeur Yamanaka rend caduque la recherche sur l’embryon humain "
Dans une tribune du quotidien Le Figaro, Alain Privat, professeur de neurobiologie à l’École Pratique des Hautes Études ( EPHE ), ancien directeur d'unité à l’Inserm et membre correspondant de l'Académie de médecine, " réagit à la récente décision du Parlement de réexaminer la législation relative à la recherche sur l’embryon humain ". Ainsi, le neurobiologiste s’oppose au soutien du gouvernement concernant la proposition de loi visant à autoriser la recherche sur l’embryon humain, soutien marqué par le discours de la ministre de la recherche lors de la discussion générale au Sénat le 15 octobre dernier. ( Cf Synthèse de presse Gènéthique du 17/10/12 ).
Pour le professeur de neurobiologie " une mise au point s’impose ". En effet, " la remise du prix Nobel au professeur Yamanaka pour sa découverte des cellules souches reprogrammées ( IPS ) a déclenché une manœuvre de récupération par les promoteurs de la recherche sur l’embryon humain ", ajoutant qu’ " il est vrai que ceux-ci peuvent se sentir fragilisés puisque leurs recherches avancent si peu au regard de la révolution des IPS et des résultats thérapeutiques prometteurs apportés par les cellules souches non embryonnaires ".
Alors que " certains prétendent que les travaux couronnés par le prix Nobel cautionnent la recherche sur l’embryon humain ", Alain Privat précise que " c’est tout le contraire. L’amalgame qui est fait entre cellules souches et cellules souches embryonnaire est fallacieux. La découverte du Pr Yamanaka a ouvert une nouvelle voie : une cellule adulte spécialisée peut être ramenée au stade indifférencié et ensuite dirigée de façon à donner naissance à tous les tissus d’un organisme ! ". De fait, pour Alain Privat, " la découverte du Pr Yamanaka rend caduque la recherche sur l’embryon humain et pointe les errances stratégiques de la recherche française : faire de l’embryon humain à tout prix ".
En second lieu, il précise qu’ " utiliser la découverte de Yamanaka pour soutenir l’autorisation de la recherche sur l’embryon humain alors que lui-même s’est imposé de ne pas y recourir pour des raisons éthiques, c’est non seulement trahir son travail et son génie, mais c’est se tromper de méthode ". Il ajoute : " si le Pr Yamanaka avait suivi la voie prônée par les scientifiques français promoteurs de la recherche sur l’embryon, il n’aurait pas fait cette découverte dont l’objet est précisément de soigner SANS recourir à l’embryon ".
Poursuivant en précisant que " d’autres [encore] brandissent l’accusation du retard de la recherche française en raison de l’obstination à interdire la recherche sur l’embryon et du conservatisme de notre pays ", le Pr Alain Privat explique au contraire que " ce sont précisément les partisans obstinés de la recherche sur les cellules souches embryonnaires qui sont responsables du retard de la France. Les agences de recherche française ont pris un retard de plusieurs années dans le financement des recherches impliquant des cellules IPS comme celles qui ont été récompensées par le prix Nobel ".
Enfin, le professeur Alain Privat relève qu’un dernier argument est avancé par les " tenants du ‘tout-embryonnaire’ ", et selon lequel : " les cellules IPS sont, certes, intéressantes, mais les cellules souches embryonnaires humaines resteraient la mesure étalon, le standard de référence ". Ceux-ci ajoutent que " le Pr Yamanaka lui-même aurait utilisé des cellules souches embryonnaires pour parvenir à sa découverte ". Pour le neurobiologiste, " cette information est volontairement donnée de façon incomplète ". En effet, " en 2006, dans sa première publication sur les cellules souches animales, [le Pr Yamanaka] a utilisé des cellules souches embryonnaires animales, non humaines " et " en 2007, dans sa deuxième publication sur les cellules souches humaines, il n’a pas non plus utilisé d’embryons humains ".
Par conséquent, pour le Pr Alain Privat, " il est assez incompréhensible que l’on se serve encore de cellules souches embryonnaires comme ‘gold standard’ pour évaluer les IPS. Les cellules souches embryonnaires humaines sont historiquement la comparaison de référence ( initialement, faute d’alternative ). Aujourd’hui, la situation a changé ". En effet, " les recherches les plus récentes montrent […] que les IPS sont largement supérieures aux cellules souches embryonnaires, notamment pour modéliser des maladies et tester des molécules au profit de l’industrie pharmaceutique ". En outre, pour ce qui est des greffes " elles n’imposent pas de recours à un traitement immunosuppresseur ", et " les risques de tumorisation allégués par les opposants se sont révélés égaux, voire inférieurs, à ceux des cellules embryonnaires ".
Ainsi, le Pr Alain Privat avertit : " la France, si elle venait à faciliter encore davantage la recherche sur l’embryon humain par une disposition législative idéologique, enverrait au monde un message de négation de l’éthique et d’anachronisme scientifique ".
Gènéthique -synthèse de presse quotidiennes du 22 octobre 2012
● IPS et questionnements éthiques
Après avoir été récompensé, avec John Gurdon, par le prix Nobel de Médecine le 8 octobre dernier pour ses travaux de recherche ( Cf Synthèse de presse Gènéthique du 08/10/12 ), le chercheur Japonais Shynia Yamanaka " assur[ait] lundi dans un entretien à l'AFP [Agence France presse] que le principe de [...] reprogrammation [des cellules adultes] est finalement très simple, avec l'intervention de trois ou quatre gènes pour convertir, par exemple, une cellule de peau adulte en cellule IPS malléable comme une cellule embryonnaire ".
A la question du journaliste visant à savoir si " cette technique de reprogrammation réalisée en 2006 sur des cellules de souris puis en 2007 sur des cellules humaines, est [...] la réponse face aux problèmes éthiques soulevés par l'utilisation d'embryons humains pour des travaux sur les cellules souches ", le chercheur Japonais explique : " nous pouvons maintenant éviter l'utilisation d'embryons humains, c'est bien. Pourtant, nous avons devant nous de nouvelles questions éthiques. Par exemple, on peut réaliser des cellules reproductrices, spermatozoïdes ou ovocytes, à partir de cellules de peau ou de sang, en passant par le stade de cellule IPS. C'est un nouveau problème éthique : peut-on produire des gamètes à partir de sang et procéder à une fécondation ? ". Pour Shynia Yamanaka, " la société doit vraiment débattre sur jusqu'où on peut aller avec cette nouvelle technologie ".
Précisant qu'il avait " réalisé dès le début l'implication éthique ", soit dès 2006, il ajoute qu'initialement, " sur le plan des débouchés médicaux, [il pensait] que cette technologie servirait principalement la médecine régénérative [comme réparer un organe malade] [...]. Mais rapidement ensuite, [il a] réalisé que cette technologie avait un potentiel plus important pour la découverte de nouveaux médicaments ".
A propos de l'utilisation de cellules IPS pour des essais chez l'homme, Shynia Yamanaka précise que ces derniers sont pour bientôt. En effet, " au Japon, des scientifiques de Kobé sont en train de demander l'autorisation au gouvernement japonais pour le tout premier essai clinique utilisant des cellules IPS pour la rétine, afin de soigner des patients souffrants d'une maladie de l'œil ".
Enfin, interrogé sur le projet japonais de création d'une banque de cellules souches IPS, un projet approuvé en juillet, le chercheur japonais répond : " en théorie, nous pourrions produire des cellules IPS pour chaque patient. Mais ça serait très cher et long ". Ainsi, il précise que l'alternative serait " de mettre sur pied un stock de cellules IPS, issus de volontaires (...) sélectionnés pour présenter des risques de rejets immunitaires minimum. Une fois que nous pourrons identifier ces donneurs (...) nous devrions être capable de fabriquer des cellules IPS valables pour beaucoup de patients ", estimant " qu'avec seulement 140 donneurs [il serait possible] de couvrir jusqu'à 90% de la population [pour le Japon] ".
Gènéthique synthèse de presse quotidiennes du 13 novembre 2012
● Feu vert du comité consultatif d'éthique au dépistage simplifié de la trisomie 21
Posted: 25 Apr 2013 02:20 AM PDT
La nouvelle est tombée il y a quelques minutes : le CCNE, Comité Consultatif National d'Éthique, approuve le dépistage prénatal de la trisomie 21 par prélèvement sanguin sur la mère. En France, 96 % des enfants dépistés trisomiques avant leur naissance sont avortés.
Au nom de l'éthique, c'est l'eugénisme en marche. Et pour le CCNE, c'est un « progrès ».
Voici ce qu'en dit romandie.com :
L'introduction en France de nouveaux tests de détection de trisomie 21 sur simple prélèvement de sang maternel, représente un progrès, mais ils devraient être réservés dans un premier temps aux femmes enceintes à risque identifiées, selon le Comité Consultatif National d'Éthique ( CCNE ).
Le test génétique fœtal de trisomie 21 ne peut encore, à ce jour, remplacer le diagnostic actuel apporté par l'analyse des chromosomes ( caryotype ) de cellules fœtales prélevées par ponction du liquide amniotique ou des villosités choriales ( futur placenta ), note toutefois le Comité d'Éthique dans un avis rendu public jeudi.
Néanmoins, ce test correspond à une amélioration technique du dépistage actuel, par sa plus grande facilité et avec moins d'effet secondaires. Il est dit ultra-précoce car la décision d'interrompre la grossesse peut intervenir dans les délais de l'IVG.
En France où depuis de nombreuses années, il a été décidé de proposer, et rembourser, un dépistage plus complexe de la trisomie 21 à toutes les femmes enceintes, rendre ce dépistage à la fois plus efficace et moins dangereux ( en épargnant à environ 20000 femmes enceintes chaque année un examen invasif non dénué de risque pour le foetus et pour elles-mêmes ) ne peut être considéré que comme un progrès du point de vue éthique ajoute le CCNE.
Dans un premier temps limité aux femmes à risque identifiées, ce nouveau test, déjà disponible en Allemagne, Autriche, Suisse et au Liechtenstein, permettrait de diminuer le nombre de gestes invasifs ( type ponction de liquide amniotique ) et ainsi de réduire une grande partie des fausses couches qu'ils peuvent provoquer, relève-t-il.
Avec ce nouveau test, il est désormais techniquement possible de dépister la trisomie 21 à l'insu de la femme enceinte, ce qui n'était pas le cas dans le cadre des amniocentèses qui nécessitent son consentement. On nous dira que le consentement est également nécessaire pour l'analyse du sang. Mais on n'est pas obligé d'y croire.
© leblogdejeannesmits
● Questions éthiques autour des IPS
Posted: 24 Apr 2013 10:11 AM PDT
Un chercheur de tout premier plan dans le domaine des cellules souches induites ( IPS, Induced Pluripotent Stem Cells ), John Gurdon, a affirmé lors d'un entretien avec Hilary White, journaliste à LifeSite, que ces cellules sont « probablement » déjà des embryons, affirmation confortée par le fait que certaines d'entre elles ont déjà pu se développer pour donner des « animaux complets » lors d'expériences réussies.
Il s'exprimait en marge d'une conférence sur les cellules souches organisée la semaine dernière avec le concours du Vatican, à laquelle il avait souligné que « l'on peut en fait obtenir un animal adulte, totalement normal et capable de se reproduire à partir d'une cellule de peau, sans utiliser un œuf ».
Lui-même pionnier du clonage par transfert nucléaire, John Gurdon a reçu le prix Nobel de médecine en 2012 conjointement avec Shinya Yamanaka qui a développé la technique de « rajeunissement » des cellules somatiques vers le stade des IPS. Technique qui allait, nous a-t-on beaucoup répété, permettre d'avoir un accès « éthique » aux cellules souches sans avoir besoin de détruire des embryons.
A la différence des cellules souches adultes qui se trouvent dans chaque corps, et qui sont des cellules « pluripotentes » pouvant produire divers types de tissus ou d'organes selon leur provenance, les IPS reprogrammées deviennent pluripotentes, mais aussi pour certaines d'entre elles « totipotentes », c'est-à-dire capables de donner un organisme complet en devenant spontanément des embryons. Yamanaka avait lui-même signalé ce fait dans ses articles scientifiques.
Dr Gurdon, à la question de savoir quelle différence il y a entre une cellule reprogrammée vers un état de pluripotence et un embryon à son premier stade unicellulaire, a répondu : « Probablement aucune. Mais c'est toujours difficile à prouver. »
Voilà un ensemble de faits qui fait surgir des questions quant au caractère éthique des IPS.
LifeSite cite encore le Dr Dianne Irving, biochimiste américaine qui a travaillé auprès des National Institutes of Health : interrogée sur les IPS, elle a déclaré que « certaines d'entre elles sont potentiellement des embryons », ainsi que l'avait noté Yamanaka en signalant que certaines IPS ont des réactions positives aux antigènes embryonnaires, et non aux antigènes pluripotents.
« C'étaient des embryons », affirme le Dr Irving. « Dans le cadre de cet essai certaines cellules IPS sont déjà des embryons. La plupart n'en sont pas, mais ont le potentiel de remonter à ce stade. »
Elle précise que cela se produit lors de certaines procédures utilisées pour créer des cellules IPS : « elles ramènent l'ADN trop loin en arrière, et aboutissent à un nouvel embryon unicellulaire à part entière, ou à une cellule totipotente – plutôt qu'à une cellule pluripotente – comme celles que l'on trouve dans un embryon de huit cellules, qui a déjà la capacité de remonter à un nouvel embryon.
Cela peut se produire selon le processus de la régulation, qui fait naturellement partie des systèmes génétiques de l'embryon, et qui réagit automatiquement aux modifications dans une cellule embryonnaire en vue de corriger un dommage génétique pour ré-aiguiller son développement en vue de produire un embryon complet avec ses 46 chromosomes normaux. Ce processus peut également fait remonter l'ADN vers une cellule totipotente distincte pourvu des moyens nécessaires pour fonctionner en tant qu'embryon plutôt qu'en simple cellule. Ce processus, dans la nature, permet l'apparition de jumeaux monozygotes.
Ethiques, les IPS ? La question mérite d'être posée, et la réponse semble devoir être : pas dans tous les cas, et pas à n'importe quel prix. Pour Dianne Irving, il s'agit d'être vigilant dans la mesure où la technique permet à n'importe quelle cellule somatique d'être utilisée à des fins de reproduction. Si l'on veut les utiliser de manière respectueuse de la vie, il faut bien déterminer quel type de cellule va être créée et utilisée, et quelles méthodes sont utilisées pour l'obtenir.
D'autant que certains tests de « pleine pluripotence » des IPS ont recours à des cellules embryonnaires et fœtales : dans le cas des cellules embryonnaires, ces tests entraînent la destruction de deux embryons, explique Dianne Irving.
Aucun de ces inconvénients éthiques ne se rencontre lors de l'utilisation – souvent réussie déjà sur le plan thérapeutique – de cellules souches adultes.
Voilà des questions qui sont posées sur ce blog depuis l'annonce de la découverte de Yamanaka, et que vous trouverez ici.
Au cours de sa conférence, le Dr Gurdon a également brièvement abordé le thème du clonage humain. Il a expliqué que celui-ci n'a jamais abouti selon la technique du transfert nucléaire, mais personne ne sait pourquoi. Lui-même a expérimenté avec succès le clonage des grenouilles, et en théorie la technique devrait être la même pour les êtres humains, d'autant que la procédure – qui consiste à vider le noyau d'un œuf et à le remplacer par un noyau avec un jeu de gènes complet – fonctionne bien pour d'autres mammifères, y compris les singes.
Implanter le noyau dans le cytoplasme de l'ovule sans aucun matériel génétique de la mère ne marche pas. Il faut une participation des chromosomes de l'œuf, sans quoi l'embryon meurt. « Telle est l'issue, invariablement », précise le Dr Gurdon.
Le clonage par transfert chez les humains requiert la présence du noyau de l'ovule ainsi que le deuxième noyau provenant d'une autre cellule : « Alors l'embryon est capable de se développer », explique-t-il. « Cela veut dire qu'avec la race particulière des humains, il faut des chromosomes de l'œuf ainsi qu'un noyau provenant d'une cellule somatique pour obtenir un développement normal. »
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● Dépistage : l'engrenage eugéniste
En se prononçant dans son dernier avis pour l’autorisation en France d’un test révolutionnaire de dépistage de la trisomie 21 à partir d’un simple prélèvement de sang maternel [1], le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) encourage l’élimination des enfants porteurs de cette maladie. Plus grave, il prépare l’avènement d’un eugénisme “industriel” impliquant la lecture complète du génome de l’enfant à naître [2].
LA MEDECINE PRENATALE est aujourd’hui l’objet d’un bouleversement technologique majeur résultant de la convergence de deux facteurs : d’une part la découverte récente que l’ADN du fœtus, c’est-à-dire sa carte génétique, est accessible dans le sang maternel dès les premières semaines de grossesse, d’autre part les progrès spectaculaires enregistrés dans le séquençage moléculaire à très haut débit couplé à une démultiplication de nos capacités d’analyse statistique et de biologie informatique.
Le perfectionnement du décryptage du génome (ce sont des dizaines de milliers de parties codantes de l’ADN qui pourraient être lues en moins de 48h) est sur le point d’exposer les enfants à naître à un « contrôle qualité » qui défie l’imagination.
100% d’élimination ?
Première application de cette révolution technique, la mise au point d’un dépistage de la trisomie 21 à partir de l’ADN fœtal circulant dans le sang maternel. Bien qu’il reconnaisse que cette méthode aura « très probablement pour conséquence de diminuer le nombre de naissances d’enfants porteurs d’une trisomie 21 », le CCNE milite pour son introduction en France. Veut-il passer de 96% d’enfants trisomiques supprimés annuellement à 100% ?
Dans un premier temps, il serait prescrit chez les 24 000 femmes à risque identifiées par le dépistage combiné du premier trimestre en vigueur depuis 2010 (dosage classique des marqueurs sériques associé à une échographie). Pour justifier son feu vert, le CCNE fait valoir qu’en raison de sa remarquable fiabilité, ce nouveau test moléculaire permettra de réduire significativement le nombre de fausses couches induites par les prélèvements invasifs (ponction de liquide amniotique au premier chef) requis dans le protocole actuel pour confirmer le diagnostic.
Argument purement de circonstance quand on sait que notre plus haute instance morale n’a jamais trouvé à redire à ce que 500 enfants à naître périssent annuellement du fait de ces gestes iatrogènes.
Eugénisme extensif
La limitation du test au groupe des femmes à risque n’est qu’une première étape car le CCNE souhaite que soit étudiée rapidement la possibilité d’un passage à l’ensemble des plus de 800 000 femmes enceintes que compte la France chaque année. « Les limites de cette mise en place sont d’ordre technique, organisationnel et financier plus qu’éthique » ne craint pas d’affirmer le CCNE.
De fait, seules les contraintes économiques semblent circonscrire le raisonnement des « Sages » qui estiment toutefois que la concurrence sur le marché entre les différentes sociétés de biotechnologies conduira à une réduction rapide des coûts. Dans la seconde partie de leur rapport, les rédacteurs vont jusqu’à se féliciter de l’existence d’un contexte technologique et commercial particulièrement propice pour que dans un proche avenir il soit bien moins onéreux d’effectuer un séquençage extensif et à grande échelle du génome entier de l’enfant à naître plutôt que de réaliser un test ciblé visant uniquement la trisomie 21.
L’enfant à naître privé du droit à la vie.
L’indigence des arguments éthiques avancés dans cet avis est telle que pour la première fois des journalistes spécialisés dans les questions de santé se sont émus du rétrécissement de la réflexion du CCNE[3]. On peut avancer deux explications à cette désertion de la morale. La première, c’est que le statut de l’enfant à naître est devenu le point aveugle du discours officiel si bien que tout fœtus étiqueté comme handicapé ou malade est considéré comme ne méritant pas de vivre, sauf choix contraire exceptionnel des parents (mais jusqu’à quand cette liberté leur sera-t-elle concédée ?).
La seconde qui s’inscrit dans la logique de la première est que le diagnostic prénatal, véritable antichambre de l’avortement en cas d’attestation de l’existence d’une malformation ou d’une anomalie génétique, est devenu « l’équivalent d’une sentence de mort » selon l’expression très juste de l’Instruction Donum vitae (Cardinal Joseph Ratzinger, 22 février 1987).
La conséquence de cette disqualification de la vie humaine est que « les techniques de diagnostic prénatal qui sont moralement licites lorsqu’elles sont ordonnées à rendre possible une thérapie précoce ou à favoriser une acceptation sereine et consciente de l’enfant à naître » ont perdu toute finalité soignante (Jean-Paul II, Evangelium vitae, n. 63, 25 mars 1995).
Seule compte l’amélioration asymptotique de leur puissance de traque des êtres humains non conformes. Nous devons être lucides sur le caractère inexorable de l’amplification de cet eugénisme high-tech – il ne manque plus que les décrets d’application pour le rendre effectif – pour mieux nous en démarquer comme nous y invite l’analyse prophétique du cardinal André Vingt-Trois lors de la dernière Assemblée des évêques de France :
« Se confirme peu à peu que [notre] conception de la dignité humaine […] n’est plus reconnue comme un bien commun culturel ni comme une référence éthique. Nous ne devons plus attendre des lois civiles qu’elles défendent notre vision de l’homme. Nous devons trouver en nous-mêmes, en notre foi au Christ, les motivations profondes de nos comportements. La suite du Christ ne s’accommode plus d’un vague conformisme social. Elle relève d’un choix délibéré qui nous marque dans notre différence [4]. »
En tant que parents ou soignants, nous devons nous désolidariser de ce système injuste, et pour cela nous former pour ne pas coopérer à cet eugénisme biomédical tentaculaire en posant si nécessaire des actes courageux d’objection de conscience contre des pratiques de diagnostic prénatal qui ont perdu toute finalité au service de la vie de l’enfant à naître[5].
Pierre-Olivier Arduin, le 17 juin 2013
[1] CCNE, « Questions éthiques associées au développement des tests génétiques fœtaux sur sang maternel », Avis n. 120, 25 avril 2013.
[2] P.-Ol. Arduin, « Engrenage eugéniste », La Nef, mai 2013.
[3] Cf. par exemple Jean-Yves Nau qui parle du « refus d’une véritable perspective éthique » et d’un « champ de réflexion réduit », Slate.fr, 26 avril 2013.
[4] Discours d’ouverture du cardinal Vingt-Trois de l’Assemblée plénière des évêques de France, Eglise.catholique.fr, 16 avril 2013.
[5] Pierre-Olivier Arduin, « Le diagnostic prénatal : un éclairage éthique pour parents et soignants », Préface de Mgr Suaudeau, Editions de l’Emmanuel, 2012.
● Le clonage d'un embryon : une technique inacceptable !
Centre de Bioéthique de l'université catholique de Milan
MILAN, 20 mai 2013 (Zenit.org) - « Cette indifférence face à la valeur de l’existence humaine dans sa phase initiale est inacceptable », déclare le professeur italien Adriano Pessina, dans une note répondant à l’annonce par des chercheurs américains de la création de cellules souches humaines embryonnaires par clonage.
Le professeur Pessina, directeur du centre de bioéthique à l’université catholique à Milan, commente les résultats d’une technique de clonage publiés sur la revue américaine Cell, dont le procédé ressemble à celle utilisée, il y a 17 ans, pour faire naître la brebis Dolly.
« Mais la différence tragique entre ces deux techniques c’est que cette fois-ci il est question de cellules humaines et de la formation d’un embryon humain pour obtenir des cellules souches », relève-t-il.
Dans le reste de son communiqué, l’expert en bioéthique, explique ce qui le choque dans l’annonce de ce que les media semblent rapporter comme une « percée » importante pour traiter certaines maladies comme le Parkinson, la sclérose en plaques, des pathologies cardiaques et des blessures à la moelle épinière :
« Contrairement au procédé utilisé pour la brebis Dolly dont le but était reproductif, l’objectif soit disant « thérapeutique » de ce nouveau procédé, pour le moment seulement envisagé, prévoit ensuite la destruction de l’embryon pour pouvoir disposer des cellules souches.
Le langage scientifique ne permet pas à tout le monde de saisir la réelle gravité de cette expérience qui est le signe d’une indifférence inacceptable face à la valeur de l’homme dans la phase initiale de son existence. Le clonage de cet embryon est la génération d’un être humain, frère jumeau de la personne dont a été prélevée la cellule qui, après manipulation, a été transférée dans l’ovocyte dénoyauté, permettant ainsi son développement. Aucune raison, à caractère scientifique ou thérapeutique, ne saurait légitimer telle pratique d’un point de vue moral. Tout comme on ne saurait négliger le fait que ces expériences prévoient l’utilisation d’ovocytes humains: pouvons-nous ignorer que celle-ci impliquerait aussi une vraie exploitation des femmes, utilisées comme productrices de matériel biologique?
Il est frappant de voir que la communauté scientifique internationale n’a aucune réaction éthique face à cela, feignant de ne pas savoir que ce à quoi l’on donne naissance ici est un être humain. Aucune perspective thérapeutique future ne saurait légitimer la naissance et la destruction d’êtres humains. En Europe, la convention d’Oviedo, article 18, interdit explicitement la création d’embryons dans des buts de recherche: or de telles expériences échappent aux larges filets de la législation américaine. La protection de l’homme dès sa phase embryonnaire et l’interdiction de manipuler l’origine de la vie humaine quelque soit le but poursuivi, devrait être un impératif de l’humanité toute entière, un résultat partagé par tous ceux qui, dans la déclaration universelle des droits de l’homme, ont salué l’émergence d’une nouvelle conscience concernant les principes d’égalité et de non discrimination qui devraient réguler toute activité, en premier lieu l’activité scientifique. »
Pour infos: HYPERLINK "http://www.centrodibioetica.it/"www.centrodibioetica.it
● La recherche sur l'embryon autorisée en France
Le mardi 16 juillet à 16h45 les députés ont voté à 314 voix contre 223 pour l'autorisation de la recherche sur l'embryon avec encadrement. Le bouleversement juridique et éthique est désormais entériné dans la loi française alors que le débat a été "bâclé" voir même inexistant.
Alors que les radicaux de gauche, les écologistes, et la majorité se réjouissent de l'adoption de "cette avancée" qu'ils attendaient "depuis 35 ans", ce "texte de la discorde" voté "en catimini" et en plein cœur de l'été, indigne les députés de l'opposition [...]
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● La Fondation Lejeune répond aux erreurs du ministre Geneviève Fioraso
Dans un entretien donné au Journal du Dimanche la semaine dernière, Geneviève Fioraso, Ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur, avance des arguments plus que contestables en faveur de la proposition de loi. Elle évoque en particulier la Fondation Jérôme Lejeune. Voici le droit de réponse de la Fondation :
Argument du ministre : « Avec le vote de ce texte, la France sera enfin au niveau des pays avancés. Dans ce domaine de recherche, du 7e rang mondial il y a dix ans, nous avons reculé à la 17e position. La recherche sur les cellules souches embryonnaires est cruciale pour toute une partie de la médecine dite régénérative ».
Réponse : Aucun des pays ayant autorisé la recherche sur l’embryon n’est en avance sur la France, qui dès lors ne peut pas être en retard. Depuis 20 ans de recherche dans le monde (par exemple en Grande-Bretagne), les travaux sur l'embryon humain n'ont pas donné de résultats significatifs dans le domaine de la thérapie cellulaire, ou médecine dite régénérative. Alors que le Pr. Yamanaka a découvert les cellules iPS en favorisant la recherche sans détruire d’embryons humains, c’est l’obstination française pour la recherche sur l’embryon humain et les cellules souches embryonnaires qui conduit à creuser le retard de la France en matière d’innovation sur les cellules souches. De fait, la France n’investit pas les sommes nécessaires dans les recherches efficaces comme celles récompensées par le Prix Nobel de Médecine qui, en plus d’être efficace, respectent l’éthique.
Argument du ministre : « les patients en attente de thérapies nouvelles » pourraient compter sur les recherches sur l’embryon humain.
Réponse : Les cellules souches adultes, ombilicales et du liquide amniotique sont aujourd’hui déjà utilisées en thérapie cellulaire. Ainsi, pour certains types de pathologies comme les lésions ou les maladies de la peau (plaies, brûlures, épidermolyse bulleuse) ou encore les maladies du sang (leucémies, hémopathies, thalassémies, anémies), les greffes de cellules souches non-embryonnaires soignent déjà les patients. Dans ce domaine de la thérapie cellulaire, les cellules souches embryonnaires humaines et les cellules souches IPS font face au même obstacle : le développement de tumeurs. S’agissant des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines, sans résultat depuis 20 ans, le stade de la recherche clinique est à peine ébauché. Seuls 3 essais cliniques ont été lancés. Le premier, initié en 2010, a déjà été arrêté. Pour les deux autres, qui concernent deux pathologies rétiniennes très proches (dystrophie maculaire de Stargardt et DMLA, dégénérescence maculaire liée à l'âge), il s’agit d’essais cliniques de niveau 1, c’est-à-dire visant à vérifier l’absence de réactions négatives. Avant de prouver l’efficacité du traitement, il y a un grand pas qui n’est pas franchi. Quant aux cellules iPS (découvertes en 2006 par le Professeur Yamanaka, Prix Nobel de Médecine), déjà efficaces en matière de criblage de molécules et de modélisations de pathologies (utiles à l’industrie pharmaceutique), elles offrent des perspectives en matière de thérapie cellulaire. Celles-ci sont d’autant plus sérieuses que le problème du rejet immunitaire (greffe) ne se pose pas avec ces cellules qui proviennent du patient lui-même (ce qui n’est pas le cas pour les cellules souches embryonnaires humaines). Pour le traitement de la DMLA, un essai clinique vient d’être lancé au Japon en 2013.
Argument du ministre : « Même si les autorisations sont accordées, il n’est pas très attractif de travailler dans une discipline stigmatisée ».
Réponse : L’Agence de la Biomédecine (ABM) est actuellement chargée de délivrer les dérogations au principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon humain. Or, depuis 2004, l’ABM a délivré 173 autorisations relatives à la recherche sur l’embryon, pour seulement 9 refus. On ne peut donc pas raisonnablement soutenir l’idée que le régime actuel d’interdiction assorti de dérogations « stigmatise » les chercheurs qui veulent utiliser des embryons humains pour leur recherche. D’ailleurs, lors des débats parlementaires relatifs à la loi bioéthique de 2011, aucun chercheur ne s’était déclaré gêné par le régime d’interdiction. En conséquence, rien ne justifie l’adoption d’un régime d’autorisation. Par ailleurs, les recours déposés contre certaines décisions d’autorisation de l’ABM ne sauraient justifier un changement de la loi actuelle. Ce n’est pas parce que l’ABM ne respecte pas les conditions actuelles de dérogation que le principe d’interdiction doit être aboli en faveur de l’adoption d’un régime d’autorisation. Par le dépôt de ses différents recours, la Fondation Jérôme Lejeune s’attache simplement à ce que la loi soit respectée. Celle-ci ne saurait être modifiée par convenance, au gré de la volonté des chercheurs ou de laboratoires pharmaceutiques, ou bien pour éviter d’être attaquée en justice. Le droit doit demeurer au service de la justice, il ne peut être instrumentalisé en fonction d’intérêts particuliers ou d’une idéologie.
Argument du ministre : « À l’appui de ses critiques, cette fondation [Fondation Jérôme Lejeune] brandit des photos de fœtus de 6 mois alors que les embryons utilisés pour la recherche ont moins d’une semaine. Ces amas de cellules invisibles à l’œil nu sont créés dans le cadre de fécondations in vitro ».
Réponse : Si tant est qu’il faille justifier le fait qu’une vie humaine est sacrée quel qu’en soit le stade de développement, l’image en question représente bien un « embryon » (et non un fœtus) ce que peut confirmer n’importe quel médecin. La question de sa protection s’impose dès le commencement de la vie de tout être humain (art. 16 du code civil). Il est troublant de voir un ministre de la République mesurer son respect de l’être humain à sa taille, son âge et son nombre de cellules.
Michel Janva
Posté le 9 juillet 2013
● Eugénisme actuel : « Connor, premier bébé aux gènes "parfaits" »
On se vante aujourd'hui de fabriquer le bébé parfait comme le titre Le Point.
Cela n'est pas sans rappeler les heures sombres de notre histoire :
"Le petit Connor Levy, né le 18 mai dernier à Philadelphie (États-Unis), se porte très bien ! Il faut dire qu'il a toutes les chances de son côté : le jeune garçon est le premier à avoir vu le jour grâce à une nouvelle technologie de fécondation in vitro (FIV), né après que ses parents eurent passé en revue son génome complet. La nouvelle méthode, qui utilise une technique de séquençage de l'ADN de pointe, permet aux futurs parents de choisir l'embryon qui présente le moins de risques d'anomalies génétiques.
En effet, Marybeth Scheidts, 36 ans, et David Levy, 41 ans, parents du petit Connor, ont pu envoyer treize embryons fécondés à l'université d'Oxford pour repérer les gènes défectueux. Les tests ont déterminé que seul trois des treize embryons avaient un nombre correct de chromosomes. Un de ces trois embryons a donc été implanté dans l'utérus de Marybeth, donnant naissance au premier bébé "génétiquement parfait".
Et les douze frères et sœurs de Connor qui avaient le tort de ne pas être parfaits, ont été exterminés. On dit "éliminés".
Bienvenue à Gattaca !
Lahire
● Trisomie 21 et IPS : quand la science et l'éthique se rencontrent
La découverte sur la trisomie 21 de l'équipe du professeur Jeanne Lawrence (Massachusetts) qui tend à neutraliser in vitro le troisième chromosome 21 (synthèse de presse Gènéthique du 18 juillet 2013), représente "un nouvel espoir dans la recherche sur la trisomie 21" s'est félicitée la Fondation Jérôme Lejeune le 19 juillet 2013 dans un communiqué de presse. Premier financeur en France de la recherche sur les maladies génétiques de l'intelligence, la Fondation Lejeune s'est réjouie d'une telle recherche, bien qu'à un stade très fondamental, qui vient conforter plusieurs espoirs. D'une part, que le chromosome 21 peut être neutralisé, d'autre part que la recherche sur la trisomie 21 avance, enfin, que la science et l'éthique peuvent marcher ensemble.
La recherche de l'équipe du Massachusetts vient démontrer que le troisième chromosome 21 peut être neutralisé, en l'inactivant, pour l'instant de 20%. Cette neutralisation "avait déjà fait l'objet d'une publication dans Cell Stem Cell en décembre 2012 par l'équipe de David W.Russel" qui avait réussi, elle aussi, à neutraliser le troisième chromosome 21 en induisant son expulsion.
Grâce à ces découvertes, la Fondation Lejeune constate que "la recherche sur la trisomie 21 avance, car quand on cherche on trouve". En effet, en six mois de temps deux équipes américaines ont révélé ce qui n'était pas envisageable il y a encore à peine deux ans : l'inactivation ou l'expulsion in vitro du troisième chromosome 21. La Fondation regrette donc que les responsables français ne perçoivent pas ces avancées, la laissant ainsi porter quasiment seule les recherches sur la trisomie 21. Elle se réjouit d'ailleurs que les travaux de l'équipe de Jeanne Lawrence s'appuient en premier lieu sur l'étude du professeur Mégarbané de l'Institut Jérôme Lejeune.
Enfin, La Fondation Jérôme Lejeune, qui a participé à faire connaître les cellules iPS du prix Nobel Yamanaka en 2006, et qui a insisté sur leur potentiel alternatif aux cellules embryonnaires humaines lors du récent débat sur l'autorisation de la recherche sur l'embryon, se félicite que les cellules iPS, utilisées par ces deux dernières équipes, œuvrent pour la trisomie 21. Elle constate "une fois de plus que l'éthique et la science marchent ensemble".
● Japon : feu vert à l'utilisation des cellules IPS pour tester les médicaments
Le gouvernement japonais vient de lancer le développement à grande échelle de l'utilisation des cellules souches pluripotentes induites (iPS) pour tester les médicaments pharmaceutiques qui font actuellement l'objet d'essais cliniques - autrement dit testés à l'échelle humaine. L'objectif principal est de déterminer les effets secondaires que ces médicaments pourraient avoir sur le cœur des patients, effets secondaires qui sont la source de la suspension d'autorisation de mise sur le marché de nombreux médicaments.
Pour le gouvernement, cela réduirait le coût des médicaments en développement et permettrait la promotion de la médecine régénérative.
Concrètement, la technique consistera à créer des cellules du muscle cardiaque à partir de cellules iPS et à tester des médicaments en cours de développement sur ces cellules afin de repérer une éventuelle activité anormale du cœur. Les cellules créées auront quasiment les mêmes caractéristiques que celles de la personnes à partir de laquelle elles auront été fabriquées. Il n'y aura ainsi plus besoin de réaliser des tests sur les animaux ou les personnes.
Le ministère de la Santé, du Travail et de la Protection sociale aura en charge l'application de cette nouvelle technologie aux tests de médicaments et le ministère de l'Économie, du Commerce de l'Industrie soutiendra la commercialisation des cellules du muscle cardiaque.
genethique.org
● L' "activation" des ovocytes pose des questions éthiques
synthèse de presse bioéthique
19 Décembre 2014 Embryon : recherche et alternatives
La Cour de Justice s’est prononcée positivement hier sur la brevetabilité d’« une nouvelle technologie de production de cellules-souches pluripotentes à partir d’ovules activés par des moyens chimiques ou électriques (parthénogénèse), et non pas par fécondation au moyen d’un spermatozoïde ». La Cour se justifie dans un communiqué de presse : « Le seul fait qu'un ovule humain activé par voie de parthénogenèse commence un processus de développement n'est pas suffisant pour le considérer comme un embryon humain ».
L'affaire n'est pas terminée car la Cour de Luxembourg a demandé à la Haute cour de justice du Royaume-Uni qui doit trancher, de vérifier si les parthénotes1 que la société en question veut faire breveter disposent ou non de la capacité intrinsèque de se développer en un être humain.
Dans ce domaine, une question éthique s'impose : même s’ils ne peuvent pas se développer, doit-on considérer ces embryons comme des embryons humains ? Répondre non serait les considérer comme des cellules identiques à toutes celles qui sont aujourd’hui dans les éprouvettes industrielles.
1 Individu obtenu par parthénogénèse
Source:
Le Point (avec AFP) - 18/12/2014
● Double découverte grâce aux cellules IPS pour la recherche de traitement de la trisomie 21
La revue Nature Communications publie un article selon lequel des chercheurs de l'UC Davis School of Medicine et Schriners Hospitals for Children (Californie du Nord) viennent d'identifier un rôle des cellules astrogliales (supports aux neurones) dans le développement de la trisomie 21 et un potentiel traitement aux anomalies qu'elles engendrent dans le cadre de cette maladie.
Pour parvenir à cette découverte, les chercheurs ont modélisé la maladie via des cellules souches provenant de patients trisomiques eux-mêmes. Autrement dit, les chercheurs ont eu recours aux cellules souches pluripotentes induites, les cellules iPS.
Wenbin Deng, professeur agrégé en biochimie et médecine moléculaire et principal auteur de l'étude précise : "Nous avons développé un modèle de cellules humaines afin d'étudier le développement du cerveau dans le cadre de la trisomie 21 ce qui nous a permis de mener à bien des études physiologiques détaillés et de déterminer de potentielles nouvelles thérapies". Enfin, il ajoute que "ce modèle est beaucoup plus réaliste que les traditionnels modèles animaux parce qu'il est dérivé de cellules propres au patient".
La seconde découverte tient à l'influence qu'aurait un antibiotique (minocycline) sur ces cellules astrogliales pour corriger les anomalies dans les interractions entre ces cellules et le neurones en développement. Là encore l'utilisation des cellules iPS pour le criblage de molécules a été déterminant.
Gènéthique : Synthèse de presse quotidienne du 22 juillet 2014
● Un homicide involontaire sur fœtus, cela n'existe pas
Lu sur le blog d'Yves Daoudal :
"Il y a un an, le tribunal correctionnel de Tarbes avait condamné un automobiliste à trois ans de prison avec sursis pour « homicide involontaire sur fœtus » : l’automobiliste, ivre, avait percuté une femme enceinte.
C’est exactement l’affaire de Metz. L’accident avait eu lieu en 1995. En première instance, le tribunal de Metz avait condamné l’automobiliste pour « homicide involontaire ». La cour d’appel avait infirmé ce jugement, et la cour de cassation, dans un arrêt de 2001 qui désormais fait jurisprudence, avait donné raison à la cour d’appel, considérant que l’article 221-6 du code pénal qui définit l’homicide involontaire « par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence » ne peut pas s’appliquer à un fœtus puisque celui-ci n’est pas une personne et que cette section du code pénal traite des « atteintes à la personne humaine ».
Il va de soi que le fœtus ne peut pas être une personne humaine pour la justice française, car les avortements seraient autant d’homicides… volontaires, cette fois. Plus de 200.000 par an.
A l’époque j’avais relevé cette contradiction que même des magistrats, dans leurs plaidoiries, parlaient de la « mère »…
C’est l’argument qu’a cru pouvoir utiliser la présidente du tribunal de Tarbes, Elisabeth Gadoulet, ayant entendu la « mère » inconsolable d’avoir perdu « son enfant », et l’avocate appuyer en ce sens. « Le prévenu lui-même a reconnu avoir tué un enfant. La famille a besoin de cette condamnation», dira Mme Gadoulet.
Pourtant elle ne pouvait pas ignorer la jurisprudence de Metz, qui avait fait grand bruit.
Donc, le parquet a fait appel du jugement, et la cour d’appel de Pau, le 5 février dernier, a infirmé le jugement de Tarbes. Et ce ne sera pas la peine d’aller en cassation. La culture de mort sait se défendre."
Michel Janva
Posté le 24 février 2015 à 17h38 | Lien permanent
● Arte donne la parole à des femmes traumatisées par un avortement
Gènéthique vous informe - 18 Mars 2015
Arte proposait hier soir deux documentaires consacrés à l’avortement. Le second intitulé « Avortement, la loi du silence » était diffusé en toute fin de soirée à 23h35.
Ce documentaire allemand, doublé en français, s’attaque au tabou qui entoure l’avortement et cherche à échapper au « mur de silence » qui entoure les femmes qui ont vécu une IVG. Une initiative qui donne la parole à ces femmes et leur permet d’exprimer ce qu’elles vivent comme un traumatisme. Sans jamais verser dans le voyeurisme, en des termes justes, les images et les récits qui sont proposés touchent et émeuvent. Un projet aussi audacieux, qu’inhabituel.
Trois de ces femmes ont vécu des avortements. Elles racontent, chacune à sa manière, la détresse qui a suivi ces moments. Elles disent la pression de l’entourage qui tacitement pense qu’on ne peut pas donner la vie à 17 ans, que c’est trop tôt. Elles savent : « Je pourrais avoir ‘500’ enfants, celui-là, je ne l’aurais jamais », « mon instinct me disait que ça n’était pas qu’un amas de cellules ». « On m’a dit tu vas gâcher ton avenir. Cette phrase me fait horreur, comment un enfant peut gâcher une vie ? » L’une d’elle évoque la douleur ressentie de retour de salle d’opération : « Je ne comprends pas que personne ne m’ait prévenue de ce que j’allais vivre ». Elles se disent que si elles avaient eu plus de temps, elles auraient pu réfléchir et mûrir leur décision, chercher d'autres alternatives à l'avortement.
Le documentaire mentionne qu’une femme sur 5, voir sur 3 aurait aujourd’hui recours, au moins une fois dans sa vie, à l’IVG. Sur 10 femmes, 2 ne ressentent aucun traumatisme mais entre 2 et 4 d’entre elles ont besoin d‘aide, car elles peuvent développer des pathologies : non seulement des états dépressifs, mais toutes sortes d’autres troubles.
L’une d’elle raconte qu’une fois l’opération passée, on a poussé son lit au milieu d’une chambre de femmes qui venaient d’accoucher. Victime d’hémorragie, le médecin lui annonce alors qu’elle ne pourra pas avoir d’autre enfant. Ce ne sera pas le cas, elle en a désormais cinq, mais elle s’est lancée dans la prévention dans les écoles : « Ce que je veux, c’est inciter les jeunes filles à gérer intelligemment leur sexualité pour n’être jamais confrontées à cette situation ».
Le quatrième témoignage est celui d’une survivante de l’avortement, elle parlera en dissimulant son visage. Sa mère attendait des jumeaux, un des deux bébés a été avorté. Elle raconte qu’enfant, elle n’arrêtait pas de « rêver », même les yeux ouverts, qu’elle avait une sœur jumelle. L’intensité était telle qu’elle s’est crue folle. A l’adolescence, elle est anorexique. Elle n’apprend la vérité qu’à l’âge de 17 ans. Après la joie de se savoir pleinement saine d’esprit, elle est vite rattrapée par le chagrin et la douleur. Elle avait « tellement mal ». Elle comprend qu’elle a assisté à une lutte à mort et qu’elle a elle-même du se battre pour survivre. Elle culpabilise de n’avoir pas pu sauver son jumeau et comprend la raison qui la pousse à se laisser mourir de faim.
Une psychologue présente le dessin d’une femme qui se voit enfermée dans une prison serrée, une cage de culpabilité : « Ce qu’on enlève a beau être tout petit, ça n’empêche rien à la portée du geste ». Après un avortement, les femmes sont souvent habitées par la honte, la culpabilité, qui doit prendre un sens positif. Chaque femme a son propre chemin à trouver. L’une d’elle vient consulter en thérapie : « J’aimerais tant lui demander pardon ».
Le professeur Nikolaus Knoepffler du Centre éthique de l’université d’Iéna, présente les stades de développement de l’embryon : le cœur qui se met à batte dès la 4e semaine de grossesse, la forme humaine bien apparente dès la 7e semaine. Il s’inquiète : « Comment la société peut faire preuve d’autant de légèreté dans ce domaine ? » Et il ajoute : « J’estime qu’il est dangereux de banaliser [l’avortement], surtout quand on réalise qu’on a pris une décision sur des bases erronées. »
La fin du documentaire montre que le traumatisme post Ivg implique un vrai travail de deuil qui nécessite la mise en place de rites. Il s’achève sur ce message : « L’avortement est un droit, mais la liberté d’en parler aussi. Sans jamais occulter la responsabilité dont nous devons faire preuve envers nous-mêmes et envers nos proches ». Les commentaires qui s’affichent en dessous du replay de l’émission montre que les tabous en la matière, sont encore loin d’être levés.
● 94 % des femmes ont déclaré au moins un symptôme après un avortement médicamenteux
Selon le quotidien du Pharmacien :
"En effet, l’expulsion de l’œuf s’accompagne de saignements d’intensité variable qui persistent longtemps. Ils sont perçus comme inquiétants par 27 % des femmes interrogées. La fatigue est l’effet secondaire le plus fréquent (88 %). Au total, 94 % des femmes ont déclaré au moins un de ces symptômes, nausées, vertiges, céphalées, diarrhées, vomissements, dans les cinq jours qui ont suivi l’IVG."
Article :
La Quotidien du pharmacien sera-t-il puni en vertu de la nouvelle loi liberticide ?
Michel Janva
● Étude sur l’IVG médicamenteuse : « Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Une douleur sans nom »
Gènéthique vous informe
18 Novembre 2016 IVG-IMG
La Fondation de l’Avenir[1] a dévoilé ce matin les résultats d’une enquête menée dans 11 centres hospitaliers auprès de 453 femmes pour évaluer le niveau de douleurs dans les IVG médicamenteuses. Un sujet qui fait l’objet de peu d’études.
Aujourd’hui en France, avec 220 000 avortements par an, 1 femme sur 5 avorte. Un chiffre stable, bien que la contraception soit très largement accessible : 80% des femmes utilisent un moyen de contraception (cf. La contraception réduit le nombre d’avortements ? Réponse d’experts).
Depuis 1990, date de l’autorisation de l’IVG médicamenteuse, sa part n’a cessé d’augmenter : elle représente aujourd’hui 57% des avortements pratiqués en France. Les résultats de l’étude montrent que 27% de femmes ayant réalisé une IVG médicamenteuse[2] ont ressenti des douleurs très intenses au 3e jour de l’IVG. Elles témoignent : « Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Une douleur sans nom », « la douleur a été foudroyante », « la méthode médicamenteuse est très douloureuse. Même si on nous parle de la douleur, on ne l’imagine pas à ce point ». 83% des femmes affirment avoir pris des antidouleurs lors des cinq jours du traitement. Plus d’une femme sur 4 a déclaré avoir été inquiète des saignements provoqués par la prise des médicaments.
Les femmes notent les effets ressentis au cours des 5 jours de traitements : de la fatigue (88%), des nausées (70%), des vertiges (42%), des maux de tête (42%), des diarrhées (37%), et enfin des vomissements (28%). Au total, 94% des femmes ont déclaré au moins un des symptômes, autres que la douleur, dans les cinq jours qui suivent l’IVG.
Elles décrivent aussi un sentiment de frayeur, l’anxiété qui les a saisies. Elles sont effrayées par ce qui se passe. Certaines ont commenté : « Qu’est-ce que je suis en train de faire ? ». Marie-Josèphe Saurel-Cubizoles, chercheur épidémiologiste à l’INSERM, explique avoir été impressionnée par « la gravité des commentaires spontanément laissés par les femmes ». Elle rappelle que « l’IVG n’est jamais un acte anodin, ni banal ». Elle « insiste sur une certaine solitude ressentie lors de cette épreuve voire une culpabilité pour certaines » : « C’est une souffrance psychologique et physique très importante, assortie d’un sentiment de honte », note une femme. Ces femmes déplorent « le manque d’information sur les effets secondaires liés au traitement comme l’intensité des saignements ». 27% d’entre elles les ont trouvés « inquiétants ». L’une d’elle écrit en commentaire : « Les saignements ont duré plus de 20 jours. C’est éprouvant, on a du mal à passer à autre chose ».
Finalement, seuls 40% des femmes ont répondu au questionnaire. Pour Marie-Josèphe Saurel-Cubizoles, « certaines femmes ne veulent pas revenir sur un évènement douloureux ». Paradoxalement, 81% de celles qui étaient interrogées ont répondu qu’elles choisiraient la méthode médicamenteuse si la question d’une IVG se posait à nouveau. Mais certaines le reconnaissent : « Je ne tiens pas à refaire une IVG, c’est traumatisant ».
[1] La Fondation de l’Avenir encourage et soutient la recherche médicale appliquée, passerelle entre la recherche fondamentale et l’application aux patients.
[2] Les IVG médicamenteuses sont pratiquées jusqu’à la fin de la 5e semaine de grossesse. En établissement de santé, ce délai peut être prolongé jusqu’à 7 semaines de grossesse. Un protocole médicamenteux spécifique est utilisé pour ce délai de 2 semaines, plus tardif. La méthode de l’IVG médicamenteuse consiste à prendre deux médicaments différents (comprimés) en présence du médecin au cours de deux consultations, puis, à vérifier que la grossesse est bien interrompue au cours d’une visite de contrôle. Trois parcours sont possibles : l’hôpital, le centre de planification ou le médecin de ville.
● 40 % des femmes souffriraient de stress post-traumatique après une fausse couche
C'est une étude de la revue BMJ Open reprise par tous les médias généralistes et spécialisés ce soir : Ouest-France, Franceinfo, Pourquoi docteur?, ActuSanté.net :
"Les fausses couches du premier trimestre surviennent en moyenne dans au moins 15% des grossesses. Souvent difficile à vivre pour les femmes, la fausse couche est loin d’être exceptionnelle, mais bel et bien fréquente, et les retentissements psychologiques mal évalués. 38% des femmes qui ont fait une fausse couche souffrent de stress post-traumatique, selon une étude parue dans le BMJ Open.
Trois mois après une fausse couche, 38% des femmes ont montré des troubles de stress post-traumatique, 20% d’entre elles ont souffert d’anxiété et "5% de dépression" [...]
L’étude déplore un manque de prise en charge psychologique pour ce genre d’évènements qui livre les femmes à elle mêmes. L’un des auteurs, le Dr Jessica Farren explique le problème :
« Nous étions surpris du nombre élevé de femmes qui souffrent des symptômes de stress post-traumatique après une fausse couche. Pour le moment il n’y a pas de suivi ou rendez-vous pour les femmes qui ont fait une fausse couche ou une grossesse extra-utérine. Nous avons des indicateurs en place pour détecter les dépressions post-partum mais rien pour le traumatisme qui suit la perte d’un enfant »."
Et après les menteurs du gouvernement osent prétendre que le syndrome post-avortement, lui, n'existerait pas. C'est un véritable déni de réalité motivé par l'idéologie mortifère !
Philippe Carhon
● 229 000 avortements en 2013 en France
Selon les chiffres officiels de la DREES :
"En 2013, 229 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées en France, dont 217 000 en Métropole. Leur nombre est relativement stable depuis 2006 et varie peu chaque année. Il enregistre une hausse en 2013, après deux années de légère baisse : il est ainsi passé de 226 100 en 2010 à 222 200 en 2011, et 219 100 en 2012.
Le taux de recours est de 15,6 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en France entière. Les femmes de 20 à 24 ans restent les plus concernées, avec un taux de 28,8. Les taux continuent à décroître chez les moins de 20 ans, avec 9,5 recours pour 1 000 femmes parmi les 15-17 ans (après 10,0 en 2012) et 21,8 parmi les 18-19 ans (après 22,0 en 2012).
Les écarts régionaux perdurent, avec des recours moyens toujours supérieurs à 18 IVG pour 1 000 femmes en Ile-de-France, Provence – Alpes-Côte d’Azur, Corse, Languedoc-Roussillon et dans les DOM.
Les IVG médicamenteuses représentent 49 % des IVG réalisées en établissements et 58 % du total des IVG. Les IVG pratiquées hors établissement représentent 16 % du total des IVG en Métropole et 25 % dans les DOM, où pourtant la pratique des IVG en centres de santé, centres de planification ou d’éducation familiale ne s’est pas répandue."
Michel Janva
● Etats-Unis : la culture de mort en recul
Le groupe du Guttmayer Institute est un observatoire des naissances et des avortements aux États-unis. Sous prétexte de statistiques, en réalité son but avoué est de promouvoir l’avortement. Or c’est avec effarement dans sa livraison du 2 avril qu’il explique, cartes à l’appui, que durant le premier trimestre de 2015, plus de 300 projets de loi pro-vie ont été déposés dans les législatures des États à travers les USA. Bien sûr ceux-ci font tout en nuances selon les États. Ils tendent par exemple à faire interdire les avortements au-delà de 20 semaines de la grossesse jusqu’à celle de la pilule abortive RU 481 en passant par la limitation de l’IVG à 12 semaines de grossesse. Ils ferment aussi des cliniques de propreté douteuse. Mais indiscutablement le combat se concentre sur les avortements effectués après la date de viabilité du fœtus soit 20 à 22 semaines de grossesse en soulignant le caractère effroyable d’enfants découpés vifs dans le sein maternel.
Empêché par la fameuse décision de la Cour Suprême Roe versus Wade légalisant l’avortement, la plupart des États tendent à en « rogner » les dispositions pratiques. Ce que Guttmayer déplore -oubliant de dire que 58 % des Américains s’opposent pratiquement à toute forme d’avortement – est que ce pourcentage augmente très lentement mais régulièrement. Oubliant de dire aussi que l’avortement médicamenteux a déjà entraîné la mort de 14 femmes l’an dernière et que 612 femmes avaient été hospitalisées pour des complications en 2011. Et que 2207 d’entre elles présentent des séquelles. Sans parler des échecs de la méthode qui chaque année excède le millier. En 2012, 385 complications graves ont été rapportées et dénoncées par la Food and Drug Administration qui collationne tout ce qui concerne la santé pour éventuellement sévir en cas de danger.
Incroyablement, même Planned Parenthood l’équivalent de notre Planning reconnaît les dangers de la pilule abortive ; laquelle est utilisé largement dans notre pays.
Jean-Pierre Dickès
● CRISPR-Cas9 : « Catastrophe éthique » ?
synthèse de presse bioéthique
01 Avril 2015 Embryon: recherche et alternatives
Albert Barrois revient sur la mise au point de cette nouvelle technique :
La première découverte remonte à 1987, avec une équipe japonaise qui « rapporte l’existence de séquence répétées d’un genre nouveau dans le génome d’une bactérie ». Les « séquences répétées » sont retrouvées dans de nombreuses bactéries, elles sont appelées séquences « CRISPRs »[1], et les gènes associés sont baptisés « Cas »[2]. Elles « codent des protéines capables de couper l’ADN ». C’est la première étape. De nombreuses autres jalonneront la vingtaine d’années de recherche fondamentale effectuée en ce domaine.
2007, 2011, 2012 : plusieurs articles dans Nature ou Science marquent les grandes phases de la mise au point d’« un outil simple capable d’induire des mutations », en ciblant « une séquence précise » : « des petites séquences d’ARN s’hybrident de façon spécifique à l’ADN et recrutent une protéine, Cas9, capable de couper l’ADN ». La technique se développe rapidement et est utilisée « chez un petit vers, chez la mouche, chez un poisson, des plantes et déjà dans des cellules humaines ».
Le dernier développement de cette technique remonte à 2013, et vise à « introduire des mutations précises, voire même d’insérer une séquence d’ADN dans le génome ». L’outil est testé avec succès chez la souris pour « corriger un défaut génétique comme la myopathie de Duchenne ». Il ouvre ainsi la voie aux corrections de mutations dans des gènes qui entrainent des maladies (gène BRCA1 et cancer du sein par exemple).
Cependant, Albert Barrois soulève plusieurs questions. La première, scientifique, tient à la spécificité de cet outil : « Les petits ARN guides » ne sont pas spécifiques d’une seule séquence d’ADN et peuvent donc introduire des mutations en des endroits non désirés. Ce risque « ne sera jamais complètement absent ».
La seconde question porte sur le problème éthique entraîné par CRISPR-Cas9 : « Cette méthode est si simple qu’elle ouvre grand la porte à l’eugénisme le plus fou ». « Qui pourra empêcher une clinique privée (…) de l’utiliser pour améliorer le génome ? ». Il termine en s’interrogeant : les appels des chercheurs pour un moratoire empêcheront-ils les laboratoires de « modifier le génome des embryons humains ? »
[1] Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats.
[2] CRISPR associated genes.
● Deux prix Nobel s'inquiètent de la création d’embryons génétiquement modifiés
synthèse de presse bioéthique
Un collectif de dix-huit chercheurs américains, dont deux prix Nobel[1], a publié dans la revue Science une mise en garde sur les potentielles utilisations du nouvel outil « CRISPR-Cas9 ». Ils se font ainsi l’écho des cinq chercheurs ayant publié un appel pour un moratoire le 16 mars dernier (cf. Génèthique du 16 mars 2015).
Cette technique dénommée « CRISPR-Cas9 », a été découverte en 2012 par Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier. Il s’agit d’un « kit de construction de l’ADN », une enzyme susceptible de « découper les brins d’ADN ». Combinée avec le séquençage du génome qui permet de repérer les anomalies, cet outil permettrait « de supprimer les maladies génétiques dans l’ADN d’un embryon », mais aussi « de créer une lignée répondant à des critères prédéfinis ». Un « fantastique outil » dont le « dévoiement pourrait ressusciter les spectres de l’eugénisme et du transhumanisme ».
« Les essais n’ont pour l’instant été effectués que sur des souris et des singes ». Mais les signataires réclament un moratoire à propos des essais cliniques sur les humains et demandent la tenue d’un grand sommet. Ils craignent notamment l’utilisation de cette technique (simple et à moindre coût) sur les cellules germinales, la modification se transmettant aux générations suivantes « Il faut suivre une voie prudente avant de manipuler le génome des cellules germinales ». Pour Philippe Kourilsky, professeur honoraire au Collège de France, « il faut faire un distinguo entre les modalités et les principes. Aujourd’hui, manipuler le génome humain des cellules germinales serait prématuré : ces techniques ne sont pas sûres ».
De telles manipulations sont interdites en France dans le cadre de la PMA[2]. « Nous ne sommes pas près de nous engager là-dedans », déclare Alain Fisher, qui dirige l’Institut Imagine, spécialisé dans les maladies génétiques à l’hôpital Necker. La France, comme 28 autres pays d’Europe, a ratifié la convention d’Oviedo qui stipule qu’« une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques, et seulement si elle n’a pas pour but d’introduire une modification dans le génome de la descendance. » Mais d’autres pays plus laxistes sont particulièrement visés par l’appel des chercheurs qui craignent qu’ils n’abritent « les recherches d’apprentis sorciers ».
Geroge Church, chercheur renommé de l’université Harvard, « manie l’art de l’esquive » : il est à la fois cosignataire de l’article de Science, appelant « à la prudence sur ces pratiques », mais il participe aussi à des « réunions de groupes transhumanistes », « il explique le potentiel de CRISPR-Cas9 contre les maladies cardiaques ou celle d’Alzheimer. »
[1] David Baltimore et Paul Berg.
[2] Loi de bioéthique de 2004.
Source: Le Monde 25.03.2015 - Science 20.03.2015
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